Au tout début de l’été 2024, nous avions communiqué à propos de nos deux premières publications, dans la revue Ethique et santé et dans la revue Gestions Hospitalières. Deux publications qui avaient permis de décrire à grands traits notre modèle de « relation système » ou écosystème des entités de soi(s) dans le contexte d’une médecine de la complexité.

La médecine de la complexité est une approche – et non une nouvelle discipline - en cours d’organisation qui vient de publier son manifeste. En effet, loin de vouloir devenir une « nouvelle spécialité » elle entend surtout proposer un champ d’expérimentation clinique original en mettant la relation au centre. Mais pas une simple relation duale et abstraite ; plutôt un espace relationnel systémique et phénoménologique, proche de ce que pourrait être un tissu biologique rattaché à l’individu... voire le "précédant". Elle ne prétend pas qu’un tel tissu "existe" - ne sait pas - mais en fait un concept sur lequel enrichir nos cliniques et envisager des pistes thérapeutiques innovantes, de même qu’un physicien s’arroge le droit de développer ses données dans plus de trois dimensions lorsqu’il souhaite faciliter leur discrimination. Elle s’intéresse à la pluridimensionnalité des situations de souffrance, et donc tout particulièrement aux situations de haute vulnérabilité. Nous parlons de « situations de vulnérabilité » et non de « personnes vulnérables », car il s’agit bien souvent de cas où soignant et soigné (s’)exposent leur propre vulnérabilité, avec dans la très grande majorité des cas une asymétrie au détriment du soigné, mais une influence non négligeable de la vulnérabilité du soignant sur ses interprétations et donc sur la clinique du soigné. Sont concernées au premier chef des disciplines telles que la médecine palliative, la médecine de la douleur chronique, le handicap en MPR, la psychiatrie institutionnelle, et la gériatrie. Et in fine autant de patients que le médecin généraliste, en tant que premier recours, est amené à prendre en soin de manière quotidienne. Des patients avec une clinique souvent très riche et multidimensionnelle, que la médecine de la complexité - une fois définie et mise en perspective avec la médecine intégrative polysémique - mettant en avant sa lecture relationnelle originale, pourrait permettre de réorganiser pour en offrir une lecture plus pertinente et accessible.

Octobre 2024 sera marqué par les débuts de la deuxième phase du projet NAULIMUS.

1-L'un des objectifs de NAULIMUS est de fédérer les professionnels – et autour des professionnels - qui interviennent en situation de haute vulnérabilité par le truchement d'une charte sur laquelle nous travaillons : engagement à développer des projets de recherche explorant les potentialités de l'écosystème des entités de soi(s) avec une lecture orthogonale de la relation complétant la lecture horizontale soi-autre classique, soutien des étudiants, engagement à enseigner l'incertitude en santé, engagement à respecter une éthique professionnelle forte en ce domaine, engagement à défendre les valeurs humanistes d'une société apaisée et attentive, etc...

2-Nous sommes en lien avec différents responsables universitaires de cursus santé, SHS et management, pour proposer aux étudiants de ces filières qui souhaiteraient travailler sur la complexité en santé de nous contacter. Nous disposons de sujets, de références bibliographiques et d’experts prêts à s’engager.

Nous poursuivrons nos échanges féconds avec la Chaire UNESCO Edgar Morin de Montpellier, ainsi qu’avec l’école de médecine intégrative Mû-Médecine.

3-Nous intéressant aux expressions artistiques, nous soutiendrons par exemple les projets d’art brut autour des personnes en situation de haute vulnérabilité.

Afin de colliger vos propres impressions, écrites, dessinées, photographiées à propos de cet écosystème singulier des entités de soi(s), nous mettons en place une boîte aux lettres ([email protected]). Dessinons la relation interindividuelle selon les « critères » de ces dernières, en y associant une dimension orthogonale à la lecture horizontale soi-autre usuelle : un système fait d'entités intermédiaires entre soi et autre, entités structurantes et/ou fonctionnelles, mais pas que...

4-Nous serons présents prochainement : aux conférences BREIZH-IA (la prochaine se tiendra à l’EHESP le 03/10), au CNG (rendez-vous du management) et au CHU de Rouen.

Nous vous en dirons plus bientôt.